Vaccination : Population hésitante malgré les recommandations gouvernementales
Appinio Research · 22.06.2021 · 8min Temps de lecture
Sommaire
Une étude de l'institut Pasteur en France suggère que 90 % des adultes français devraient être vaccinés d'ici au 1er septembre 2021, pour que la vie reprenne son cours normal. Cela nécessitera à la fois l'engagement du gouvernement et la volonté de la population.
Actuellement, bien que la vaccination soit entièrement volontaire, plus de 28 millions de personnes ont déjà reçu la première dose d’un vaccin contre la Covid-19. Le pays a étendu la possibilité de se faire vacciner aux adultes le 31 mai, et depuis le 15 juin, les portes de la vaccination sont également ouvertes aux adolescents âgés de 12 à 18 ans. Cependant, de nombreuses personnes sont encore hésitantes quant à l'efficacité de la vaccination.
Pour mieux comprendre les craintes et les préoccupations des Français, nous avons suivi l'évolution des attitudes face à la vaccination et les éventuelles raisons qui poussent certains Français à ne pas se faire vacciner.
La stratégie du gouvernement Français :
Depuis le 27 décembre 2020, le ministère de santé a officiellement lancé la campagne de vaccination en donnant la priorité aux groupes les plus susceptibles à être infectés comme les professionnels des secteurs de la santé. Ces mesures ont été suivies par la généralisation de la vaccination à un plus grand nombre de personnes depuis le mois de mai avec le but de vacciner le plus grand nombre de personnes. Ces expansions seront suivies d'autres visant à étendre la campagne de vaccination, comme l'illustre le calendrier ci-dessous :
Le comportement vis-à-vis de la vaccination :
Alors que le gouvernement n'a cessé d'encourager les gens à se faire vacciner au cours des derniers mois, l'attitude des Français est divisée en deux : un groupe enthousiaste à l'idée de se faire vacciner et de reprendre une vie normale et, d'autre part, un groupe peu enthousiaste en raison de toutes les incertitudes liées à efficacité du vaccin et son innocuité.
Les données étudiées ont été recueillies entre les mois de janvier et juin 2021. Durant cette période, les réponses de l'échantillon interrogé se situent entre
- 29% (au plus bas) et 38% (au plus haut) des personnes qui pensent qu'il est très probable qu'elles se fassent vacciner.
- 32% (au plus bas) et 41% (au plus haut) des personnes pensent qu'il est très peu probable qu'elles se fassent vacciner.
Après l'examen de ces résultats, il est intéressant de constater qu’au fur et à mesure que ces mois avancent, les Français deviennent de moins en moins inclinés à se faire vacciner. En effet, entre janvier et juin 2021, 7 % de l'échantillon a changé d’avis sur la vaccination passant d'une opinion « plutôt improbable de se faire vacciner » à « très improbable de se faire vacciner ». Cette augmentation s'est produite bien que le ministère de la Santé ait étendu la possibilité de vaccination à des groupes d'âge plus jeunes et moins vulnérables.
Ces chiffres varient bien sûr en fonction des groupes d'âge. En effet, 42 % des personnes âgées de 55 à 65 ans pensent qu'il est extrêmement improbable qu'elles se fassent vacciner et seulement 10% pensent qu'il est très probable qu'elles le fassent. Ces réponses sont inattendues, car les personnes âgées sont plus susceptibles d'avoir des symptômes plus forts lorsqu'elles sont infectées par le virus. Dans ce cas, il était normal de s’attendre à ce que leur volonté de se faire vacciner soit plus forte.
Par contre, pour les groupes d'âge plus jeunes, il semble que les opinions soient plus fragmentées. Par exemple, pour les 16-24 ans, 29 % des personnes interrogées pensent qu'il est extrêmement improbable qu'elles se fassent vacciner, tandis que 18 % pensent qu'il est très probable qu'elles le fassent ce qui reste un pourcentage plus élevé que les groupes d'âge plus âgés.
Le graphique ci-dessous illustre en détail l’attitude des différentes tranches d'âge envers la vaccination contre la covid-19 entre janvier et juin 2021 :
Ces résultats peuvent être interprétés de plusieurs façons. Il est possible que les groupes d'âge plus jeunes soient plus disposés à se faire vacciner dans l'intention d'avoir une plus grande liberté de mouvement à l'intérieur et à l'extérieur du pays, par exemple pour voyager, pour assister à des événements et pour retourner au bureau pour travailler.
D'autre part, la faible volonté de se faire vacciner pourrait également être liée à l'inquiétude suscitée par la courte période d'essai des vaccins et ses effets secondaires inconnus.
Raisons contre la vaccination :
Les personnes qui ont répondu qu'elles ne prévoient pas de se faire vacciner, ont été interrogées par Appinio sur les raisons qui les en empêchent. La réponse qui a été la plus dominante au cours des derniers mois est que les gens ont des doutes sur la sécurité des vaccins, suivie par une inquiétude sur l'efficacité du vaccin contre le virus. D'autres raisons, moins dominantes, étaient liées au fait de ne pas croire au danger du virus ou à une anxiété générale à l'idée de consulter un médecin.
Le graphique ci-dessous montre en détail les réponses les plus dominantes entre le 1er janvier et le 2 juin :
Avec un pourcentage important de personnes hésitant à se faire vacciner, et même une augmentation du nombre de personnes refusant de se faire vacciner, comment le gouvernement gère-t-il la situation ? Quelles sont les solutions pour se protéger du virus ?
Défis pour la stratégie gouvernementale :
En novembre 2020, le président Emmanuel Macron a déclaré dans un discours que le vaccin contre le coronavirus ne deviendra pas obligatoire. Cependant, dernièrement, l'académie sanitaire française a recommandé à l'État de le rendre obligatoire pour protéger la majorité du pays et reprendre une vie normale le plus tôt possible.
Ces recommandations ont donné lieu à un grand débat national sur la question s'il est possible ou non d'obliger les gens à se faire vacciner avec un vaccin qui n'a pas été testé pendant une longue période et si cette obligation représente une violation des droits des personnes à choisir de se faire vacciner ou non. Dans ce contexte, certains experts suggèrent que rendre cette vaccination obligatoire serait un cauchemar logistique sur le plan juridique et opérationnel. Toutefois, d'autres proposent de limiter l'accès de ceux qui ne sont pas vaccinés à certains espaces publics tels que les théâtres, les festivals, les bars et les restaurants. Cela incitera automatiquement plus de personnes à se faire vacciner.
Finalement, que le gouvernement décide de persister à encourager les gens à se faire vacciner ou à les obliger à la faire, les experts affirment que la seule façon de revenir à une vie normale est de faire vacciner la majorité de la population.
Maintenant, la question demeure : si le ministère de la Santé continue avec la même stratégie de sensibiliser les gens à se faire vacciner, le pays se retrouvera-t-il dans une impasse après avoir vacciné tous ceux qui le souhaitent, mais avec une majorité qui résiste encore à la vaccination ? Dans ce cas, comment le gouvernement va-t-il gérer cette résistance ?
Nous répondrons à ces questions à travers nos rapports corona bihebdomadaires pour la France.
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